Interview : Didier Chateau, PDG de Général Des Services, agence de service aux particuliers, un des leaders français du service à la personne avec 28 agences et 1000 salariés. La société affiche une santé et des ambitions presque insolentes en cette période de crise. Générale Des Services, dont le siège est à Angers-Beaucouzé, s’inquiète néanmoins de l’impact que pourrait avoir la prochaine réforme fiscale sur son activité et sa croissance.
Angers-entreprise.com : Vous affichez un rythme de croissance à faire pâlir vos concurrents…
Didier Chateau : Nous ouvrons effectivement 15 à 20 agences par an sous forme de franchise. Pour l’instant nous visons les agglomérations de plus de 150 000 habitants, sauf exception comme Blois. Nous ouvrons sur un rythme de 1 agence tous les 2 mois
Quels sont vos objectifs en chiffre d’affaires ?
Nous allons réalisé 10 millions d’euros en 2012 et nous visons les 100 millions d’euros d’ici 5 ans. Nous avons de grandes ambitions. Nous avons la particularité d’offrir une offre globale à domicile, on répond à l’ensemble des besoins, de la garde à domicile aux travaux d’entretien. Nous répondons à toute demande.
Qu’est-ce qui vous distingue de la concurrence ?
Notre offre globale et le niveau de nos salariés. Nous leur offrons une formation solide de 50 jours, c’est unique, c’est 3 fois supérieur aux autres. On a créé notre propre centre de formation, agrée auprès de l’unité territoriale (ex Direction du travail). Cela se ressent ensuite dans l’offre de services.
Des ouvertures d’agences, un chiffre d’affaires en hausse mais une ombre au tableau : la réforme fiscale qui vous inquiète ?
Ce qui est acté c’est le plafonnement des niches fiscales avec un crédit d’impôts qui va passer de 18 000 à 10 000 euros maximum. Cela va impacter les familles qui ont de gros volumes horaires en ménage et garde d’enfant
Et cela vous inquiète ?
Ce qui m’inquiète surtout c’est le changement de taux de réduction d’impôts qui pourrait passer de 50 à 45% car tous mes clients seraient concernés et mécaniquement cela va générer du travail au noir.
Vous n’exagérez pas un peu ?
Absolument pas. Prenez une prestation à 22 euros. Si j’ai un taux de réduction à 50%, mon cout réel sera de 11 Euros. Maintenant, si ce taux est de 45%, le cout pour le particulier passe à 12,1 euros. Or, le prix de quelqu’un au noir est en moyenne (sur Paris) de 15 euros de l’heure. On se rapproche dangereusement du prix du marché noir. Et, le travail au noir, c’est plus de simplicité, on paye de la main à la main, il n’y a pas de formalité administrative et pas de déclaration pour le travailleur.
L’Etat a besoin de faire des économies et de trouver de nouvelles ressources non ?
Mais dans cette affaire, l’Etat est perdant des deux côtés. D’abord, il continue à verser des allocations à des personnes qui travaillent au noir donc non déclarées. De l’autre, il perçoit moins de TVA et impôts, moins de recettes fiscales. Notre fédération a fait ses calculs. Les pertes financières pour l’Etat se chiffreraient en milliards d’euros. Actuellement, le travail au noir coute à la Nation 60 milliards d’euros, soit 4% du PIB !
Que dites-vous au gouvernement ?
Nous leur disons : le service à la personne est le 2ème secteur le plus créateur d’emplois en 2011 avec 2 millions de salariés. Nous créons du lien social. L’Etat a tout à perdre avec cette réforme : moins de recettes, moins de lien social, et moins d’emplois car nous embaucherons moins c’est évident. Nous faisons du lobbying pour l’alerter. Notre secteur s’est engagé a créé 100 000 emplois dans les 3 ans si l’Etat stabilise ses dispositifs fiscaux. Notre ministre doit se positionner. Attendons…