Interview : Yves Guibreteau, nouvellement élu président de Strego, 12ème cabinet d’expertise-comptable en France, dont le siège est à Angers. Strego, qui gère 42 bureaux dans le Grand Ouest (du sud de Paris à la Charente-Maritime) a réalisé un CA de 59,3 M€ en 2011. Strego accompagne 17000 entreprises, dont beaucoup de PME, pour certaines d’entre elles fragilisées par la crise.
entreprise-angers.com : Strego est actuellement le 12ème cabinet français, allez-vous continuer de croitre ?
Yves Guibreteau : la croissance n’est pas notre obsession. Nous regardons les dossiers de regroupement, les rapprochements possibles. Nous sommes bien sûr à l’écoute d’opportunités de croissance externe mais nous souhaitons avoir une croissance maitrisée et mesurée qui répond à une logique territoriale. Nous n’avons pas d’ambition nationale.
Des rachats en 2013 ?
Nous allons encore nous rapprocher de petits cabinets mais aussi de cabinets de taille moyenne qui réalisent un CA moyen entre 2 et 3 millions d’euros. Par ailleurs, nous allons poursuivre la diversification de nos activités
C’est ce que vous appelez la mutation de votre profession?
Absolument. Des barrières se lèvent aujourd’hui. Nous pouvons exercer des activités commerciales. Notre métier de base reste l’expertise comptable et sociale et l’audit. Par exemple, 145 personnes de Strego gèrent 330 000 bulletins de salaires par an. C’est colossal. Parrallèlement à cela, nous nous sommes diversifiés. Nous nous sommes par exemple associés à Optifinance au Mans dans la gestion de patrimoine et à Nantes, nous avons monté une structure commune avec Colbert Assurances. Ou encore, nous développons une activité de courtier en financement pour accompagner nos clients dans la réalisation de leur projet. Ce sont quelques exemples de diversifications.
Quel sera votre chiffre d’affaires cette année ?
Strego réalisera un CA de 62 M€ en 2012 avec un objectif de CA de 65 M€ en 2013
Comment votre société vit-elle la crise ?
Nous sommes très vigilents sur le recouvrement de créances. Nous faisons face à une montée en puissance des dépôts de bilan. Or, nous produisons des créances. Généralement, nous ne souhaitons pas que ces créances non recouvrées dépassent 1 % de notre CA total. Cette année, nous serons un peu au-dessus. C’est la raison pour laquelle nous avons développé une assurance pour les entreprises en dépôt de bilan. 85 % de nos clients souscrivent à cette assurance.
Comment jugez- vous actuellement l’environnement économique ?
Nous avons déjà connue une crise en 2009. Beaucoup d’artisans et de petites entreprises ont depuis disparu. Aujourd’hui, cette crise frappe beaucoup le bâtiment et les travaux publics. Il y a une chute des permis de construire et donc des carnets de commandes des PME. La trésorerie pour beaucoup d’entre elles est tendue. On fait donc du décalage dans les paiements, on retarde les règlements. On paye plus tard, on encaisse donc plus tard etc, etc… C’est la spirale infernale.
Comment voyez-vous 2013 ?
Il est trop tôt pour répondre. Attendons de connaitre les prochaines évolutions fiscales. Si on abaisse le cout du travail, cela redonnera aux entreprises un peu de trésorerie et cela leur permettra d’exporter. Mais, les évolutions fiscales peuvent également avoir de très mauvaises conséquences.
Un exemple, je ne comprends pas pourquoi en juillet dernier le gouvernement a mis en place un prélèvement social de 20% sur la participation légale et l’intéressement. Cela conduit inéluctablement le dirigeant à renégocier avec les représentants du personnel l’intéressement et/ou la participation, puisqu’il paye beaucoup plus de taxes. Avec cette disposition, le climat social se tend. On sanctionne des entreprises qui font du résultat et le redistribuent à leurs employés alors que d’autres entreprises ne sont pas sanctionnées car elles gardent leur résultat pour leurs seuls actionnaires.
Etes-vous confiant pour la région ?
L’important lorsque vous avez une crise, c’est l’anticipation. Trop d’entreprises n’ont encore pas de tableau de bord. Il faut qu’une entreprise soit capable aujourd’hui de simuler un scénario de baisse de son CA. Si elle anticipe, elle saura quelles mesures prendre, si elle ne le fait pas, elle se met en danger. C’est cela notre métier d’expert-comptable, simuler et anticiper pour permettre à l’entreprise de réagir à temps.