Beaucoup de commerçants du centre-ville redoutent un nouveau rassemblement régional samedi après-midi. Leur inquiétude est-elle fondée une semaine après les débordements inédits survenus en marge du cortège?
Comme un peu partout en France, il y aura bien une onzième marche de gilets jaunes ce week-end à Angers. Les réseaux sociaux, qui servent de relais au mouvement depuis novembre, diffusent des échanges et des annonces contradictoires qui laissent planer le doute sur la nature exacte de manifestation à venir. Sera-t-elle régionale comme samedi dernier et attirer des éléments nantais ou manceaux? Ou va-t-elle retrouver la dimension locale qui la caractérisait lors des neuf rendez-vous précédents ?
Jusqu’à 300 000 euros de dégâts
A 24 heures du rassemblement, fixé, comme c’est l’usage depuis deux mois, place Leclerc dès le début de l’après-midi, l’incertitude règne chez les commerçants du centre-ville. Elle va de pair avec une crainte légitime : samedi dernier, l’affluence record de gilets jaunes, grossie par des manifestants venus de Loire-Atlantique et de Mayenne, avait subitement dégénéré place du Ralliement où les forces de l’ordre avait dû faire usage de gaz lacrymogène pour disperser des troupes dont les autorités redoutaient qu’elles deviennent incontrôlables sous la pression de quelques perturbateurs –minoritaires – venus sans autre intention que celle d’en découdre. Le cortège s’était ensuite replié aux abords du jardin du Mail où les heurts les plus violents ont éclatés, ponctués de dégradations commises sur le chantier du tramway qui fait face à l’Hôtel de Ville (boulevard de la Résistance et de la Déportation) : là, des plots de béton arrachés de la chaussée ont servi de projectiles et de combustibles. Mardi, le maire d’Angers Christophe Béchu, avait communiqué la facture des dégâts qu’il chiffrait dans une fourchette comprise entre 200 000 et 300 000 euros.
Deux procès en attente
Quatre individus avaient été interpellés à l’issue de cette chaude soirée : deux jeunes mayennais de 19 et 21 condamnés à quatre mois de prison avec sursis pour des faits de violences avec armes (des pierres et des résidus de bombes lacrymogènes). Deux autres procès attendent des angevins le 18 février et le 5 avril prochain.
Dans la perspective du rassemblement du samedi janvier, le Préfet de Maine-et-Loire Bernard Gonzalez a adressé des consignes aux organisateurs, les enjoignant à déclarer la manifestation auprès de ses services et « de communiquer un itinéraire communiqué au préalable ». Samedi dernier, faute d’avoir respecté la procédure, les gilets jaunes s’étaient vue interdire l’accès au centre-ville. Une mesure vaine puisque les participants étaient parvenus à s’infiltrer.
Rappelons qu’une marche pour la justice sociale et climatique se déroulera également samedi après-midi dans les rues d’Angers.