L’angevin Camille Poignant a suivi le Tour de France sous les couleurs de la marque de saucisson Cochonou, présente dans la caravane publicitaire depuis 1999. A froid, il nous livre ses impressions sur cette centième édition.
Entreprise-angers.com : Camille, commençons par faire les présentations…
Camille Poignant : J’ai bientôt 26 ans, je viens du Mans, et je termine actuellement une formation à Angers de niveau Master 2, spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, réseaux sociaux et community management.
Par quel heureux hasard t’es tu retrouvé, cette année, dans la caravane du Tour de France ?
C.P : Par l’intermédiaire d’un ami qui suit depuis quatre étés maintenant Cochonou sur leTour de France. Grâce à lui, j’ai réussi à intégrer le dispositif publicitaire de la marque pour cette centième édition. C’est un peu un rêve de gosse qui se réalisait pour moi, car, tout petit, j’ai été amené à assister à des étapes du Tour, et, au-delà de la course, j’étais fasciné par la ferveur qui entourait le passage de la fameuse Caravane, avec tous ces cadeaux gratuits que le public s’arrache.
Quelle était ta mission exacte ?
C.P : Je devais, avec d’autres camarades de Cochonou, assurer une animation sur la ligne d’arrivée avant le passage officiel de la caravane : ça signifie chauffer le public et interagir avec lui, et bien évidemment lui distribuer des cadeaux, ballons, saucissons, bons de réduction, cartes postales et chapeaux…devant les caméras de télévision si possible.
Tu as donc, comme les coureurs, couvert les 3 000 kilomètres de l’épreuve…
C.P : Même plus ! Car, n’étant pas officiellement dans la Caravane mais dans l’équipe pub, je devais emprunter un itinéraire hors course en faisant des détours par les autoroutes annexes. Lors de la septième étape par exemple, entre Montpellier et Albi, on a dû faire 320 kilomètres alors que l’itinéraire officiel de l’étape ne s’étendait que sur 205 km. Au total j’ai dû couvrir deux fois la distance totale du Tour, soit un peu plus de 7 000 kilomètres…mais à bord d’une camionnette !
En plus du ticket d’entrée dans la Caravane, tout ça doit coûter énormément d’argent à Cochonou ?
C.P : Oui la marque investit gros c’est sûr mais en même temps l’exposition médiatique est tellement énorme que les retombées marketing compensent la mise de départ, d’autant que cette année, en l’absence de football et de Jeux Olympiques, toutes les caméras étaient fixées sur le Tour ! Le budget qu’y consacre Cochonou est pourtant l’un des plus petits par rapport à celui des 36 autres marques partenaires. Son dispositif est composé de sept véhicules sur les 180 que compte au total la Caravane, laquelle mesure environ 35 kilomètres. En outre, on roule avec des voitures « vintage », types 2CV, qui ne nous coûtent presque rien. Chaque jour, elles sont ravitaillées pour parcourir jusqu’à 250 kilomètres.
Depuis la Caravane, de quelle façon percevez-vous la course ?
C.P : On est un peu à l’extérieur quand même. Le monde de la Caravane et celui des sportifs ne sont, pour le coup, pas hyper complémentaires. Sur les étapes de montagne, on a la possibilité de voir la course car la configuration des lieux nous oblige à nous arrêter pour laisser passer les coureurs. Le soir, même une fois franchie la ligne d’arrivée, certains repartent faire du vélo, quand d’autres rejoignent directement leur staff pour suivre des séances de masso-kinésithéraphie.
Du haut du Mont Ventoux, comment les caravaniers ont jugé la prestation hallucinante de Christopher Froome, le vainqueur de cette 15ème étape ?
C.P : Personnellement, j’ai vu cette arrivée à la TV, de retour à notre hôtel qui se trouvait à Pont Saint-Esprit, à 60 kilomètres du col du Ventoux. Oui, j’ai juste trouvé ça hallucinant. Une fois parvenu au sommet, Froome donnait l’impression de vouloir pédaler encore alors que tous les autres coureurs étaient par terre !
Et le malheureux épisode du bus Orica GreenEdge bloqué sur la ligne d’arrivée lors de la première étape corse, comment l’as-tu vécu ?
C.P : Oui, on a suivi ça de près car la veille on était dans le même hôtel que l’équipe australienne Orica. Une fois qu’on a évacué la ligne d’arrivée pour laisser place à la course, on a vu ce bus à 100 mètres de nous, coincé sous l’arche ! A la radio, on entendait que les organisateurs souhaitaient reculer l’arrivée de 3 kilomètres. Quelle situation incroyable et en même temps quel gros coup médiatique !
Quel est le rapport entre les caravaniers ?
C.P : Tout le monde, soit environ 400 personnes, se retrouve le matin, au niveau de la ligne de départ. Là, on bosse ensemble et forcément on est amené à se connaître. J’ai le souvenir d’une soirée avec le staff d’Orica GreenEdge qui s’était retrouvé dans le même hôtel que nous à Gap, juste avant l’étape de l’Alpe d’Huez. On a échangé nos bobs Cochonou contre leurs guitares. Ils avaient beau être australiens, le contact s’est noué naturellement et on a fait la fête ensemble jusque tard dans la soirée.
Et le rapport avec le public ? Des articles de presse se sont faits l’écho de certains…dérapages…
C.P : Ce n’est pas une généralité, heureusement ! Mais oui, sur quelques étapes, notamment en montagne, il est arrivé que des caravaniers reçoivent des bassines d’urine ou des bouses de vaches. A ce titre, il y a un passage assez réputé dans l’Alpe d’huez, le virage des Hollandais où certains spectateurs préparent leurs sales coups pendant parfois plusieurs jours. Les plus excités vont jusqu’à monter dans les véhicules pour alpaguer les hôtesses ! Chez Cochonou, on est particulièrement exposés car nos voitures sont assez basses et plus facilement accessibles pour le public. Mais bon, à ce qu’on m’a dit, cette centième édition a été, de ce point de vue, plus calme que les autres années.
Quelle est la journée-type d’un caravanier ?
C.P : En général, on se lève à 6h30. Mais pour le contre-la-montre d’Embrun (17ème étape), on nous a même demandé de décoller à 4h30. Dès le matin, on prépare des paniers repas, nos cadeaux, nos tenues et on part rejoindre la ligne d’arrivée du jour, située parfois à plusieurs centaines de kilomètres de notre lieu d’hébergement. Moi, j’animais à partir de 12h30 jusqu’à 16h30. Après la course, on rejoignait notre hôtel et on préparait le transfert du lendemain. On se couchait rarement avant minuit.
Bref, ce n’est de tout repos. Vas-tu rempiler l’année prochaine ?
C.P : Oh oui je resigne tout de suite ! Une telle expérience m’a laissé des souvenirs inoubliables. Le passage sur les Champs Elysées par exemple, juste pour la parade, m’a vraiment ému. Le public ne crie pas, donc, après la frénésie de l’Alpe d’Huez, on se retrouve un peu seul face à soi-même et, dans la tête, on a le temps de se refaire le film de ce qu’on a vécu, tout en remontant la plus belle avenue de monde vers l’Arc de Triomphe. Le Tour de France est vraiment magique !